Ô mer
il est fort le breuvage que tu verses !
Ta grande froideur
est purification, limpide et sacrée.
Ton étreinte de lumière
est saine et fraîche aux enfants des hommes, à nous,
qui cherchons la guérison.
Car toi, mer,
radieuse et tendre, rugissante et implacable,
fourbe, et toujours fidèle,
tu es la parabole belle des choses belles :
chemin salé d'écume des coeurs vaillants du monde.
Karin Boye
traduction Caroline Chevallier
crédit photo fruban, avril 2015 |
« Vivre, c’est rompre et briser pour que quelque chose puisse croître ».
Comme la finlandaise Edith Södergran, la suédoise Karin Boye, plus de soixante-dix ans après sa mort, apparaît de nos jours comme la poétesse moderne la plus importante des littératures scandinaves.
Déchirée jusqu’au suicide, oscillant sans cesse entre une ferveur païenne et un mysticisme chrétien, elle deviendra le champ de ruines du combat perdu d’avance du théâtre tragique de ses écartèlements. Bisexuelle, elle finira par défendre fièrement son homosexualité dans une Suède pudibonde et castratrice.
Femme courageuse, femme fortement impliquée dans les idées de gauche et la littérature radicale de son époque, elle est devenue l’incarnation de cette dualité atroce entre le rêve et la réalité.
in, Esprits nomades
Karin Maria Boye (née le 26 octobre 1900 à Göteborg et morte le 24 avril 1941 à Göteborg) était une poète et romancière suédoise.
Elle est l'auteur notamment de La Kallocaïne (1940), classique de la littérature dystopique, source d'inspiration majeure de George Orwell pour 1984, inspiré par Le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley et par Nous autres, d’Ievgueni Zamiatine.
Socialiste et membre de la branche suédoise du groupe Clarté, d'Henri Barbusse, elle a été fortement ébranlée par un voyage en URSS en 1928, qui a inspiré son roman La Kallocaïne. Elle est morte le 23 avril 1941 à la suite de l’absorption de somnifères, dans une intention vraisemblablement suicidaire. Sa compagne depuis sept ans, Margot Hänel, juive berlinoise réfugiée en Suède, s'est suicidée trente-huit jours plus tard, à l'âge de vingt-neuf ans.
in, Wikipedia
photo, images du Net |
Les temps ont bien changé entre cette bel hymne maritime écrite au début du siècle dernier et cette tragédie élégiaque moderne. La mer est devenue l'amer d'un nouvel exode où la mort s'étend par vagues à la façon d'un navire éventré qui écoule son fuel à la surface des flots. Ceux-ci s'ouvrent en une gigantesque tombe glaciale, porte ouverte et vite refermée sur les abysses de l'oubli éternel. Mer, tu as perdu toute gaité. C.R.
RépondreSupprimerOui, la mer devient linceul pour des milliers de personnes fuyant la misère et la mort sur leur sol. Et je pense à la dernière strophe d'un poème que j'écrivis en avril dernier, m'efforçant de garder une infime lueur d'espoir, mais... n'était-ce pas pour m'obliger à croire encore un peu...
RépondreSupprimerMerci pour tes commentaires que j'apprécie toujours beaucoup !
Âme écartelée
ne cède pas à l'inespoir
enivre-toi d'éphémères instants
prodigue à ton jardin des soins d'éternité
repeins de bleu la Méditerranée
© fruban
le 24 avril 2015
Mince!! "Cette belle hymne écrite" O la faute d'orthographe, eu égard au fait qu'il ne s'agissait pas pour moi d''une louange à Dieu qui eut autorisé l'emploi du féminin; On va croire que je ne connais pas les genres du mot "hymne". Je suis confus. Honteux. J'implore ton pardon.
RépondreSupprimerMais non, mais non ! Nous faisons tous ce genre de coquille, surtout lorsqu'on écrit vite. Pardon accordé... hé hé ! La prochaine fois, un coup de règle sur les doigts !!!
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