jeudi 3 septembre 2015

Petit d'homme, poème de F.Ruban

Petit d'homme

un matin de septembre à Bodrum

la Mer a rejeté ton corps sur le sable

Elle a refusé de le déchiqueter de l'abîmer

Elle t'a déposé

pour que les hommes voient

ta fragilité d'enfant

ton petit corps endormi sur la plage

où tant d'enfants ailleurs rient et

construisent des châteaux



Petit d'homme

ce matin ton image fait le tour du monde

Réveiller les puissants endormis

indifférents à ces milliers d'autres

tes frères morts comme toi sous les coups des barbares

tes frères nos frères humains nos enfants

qui voulaient simplement vivre

et rire et aller à l'école et désobéir



Petit d'homme

Petit enfant symbole de l'innocence chaque jour massacrée

tandis que nos dirigeants des hommes pourtant

ferment les yeux mettent des barbelés

contre ceux que l'on nomme migrants

qui ne voudraient qu'être réfugiés

Ils quittent leur terre la mort dans l'âme

espoir chevillé au corps

espoir que leurs frères les hommes....



©fruban



le 3 septembre 2015



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En hommage à Aylan Kurdi, l'enfant syrien retrouvé mort noyé sur une plage de Turquie ( Bodrum














photo parue dans l'Humanité le 31 mai 2016






































).





Un livre vient de lui rendre hommage aux éditions Verdier ICI


Pierre Demarty
Le Petit garçon sur la plage
Éditions Verdier

éditions Verdier






















































photo du Net
(sur la plage de Bodrum)







1 commentaire:

  1. Ce petit d'homme fait couler beaucoup d'encre. Ce petit d'homme fait écrire des textes sensibles comme celui-ci.
    quand on connait ta sensibilité forte, Françoise, tu eus pu l'écrire sans l'image car tu n'as pas forcément besoin de l'image pour savoir ce qui est.
    Mais cette surenchère dans l'utilisation tant par les médias, les réseau sociaux et les politiques pour mettre en évidence leur indignation feinte ou réelle est assez répugnante.
    Combien d'images, combien en faudra-t-il de petits corps d'homme, de corps de femme, de corps d'homme, qui fuient les persécutions, les famines, les tortures dont certains ne cessent de montrer leurs capacité de raffinement, combien faudra-t-il pour que toutes les composantes de la société que je cite ci-dessus cessent de se réfugier dans le confortable déni (et le temps s'écoule tandis qu'on compte les morts par milliers)tant qu'ils n'ont pas vu, de leurs yeux vu!!!
    Comme le temps qu'il fallu, je suppose, pour que l'humanité subitement indignée découvre la petite fille de Timisoara qui plus est fut une imposture.
    La société, nos sociétés mondialisées, internetisées, abruties se réclamant, avec orgueil et flagornerie, de son génie de l'humanisme où l'homme est la chose la plus importante de l'univers, ne croient que ce qu'elle voit.
    Tant qu'elles ne voient pas, cela n'existe pas!
    Et maintenant??
    Ce petit corps d'homme n'aura réussi à réveiller les consciences que le temps médiatique durant.
    Après: RIEN.
    Ton bien joli poème ma chère Françoise n'aura servi qu'à soulager la mauvaise conscience, celle de l'humanité, qui n' a pas les mots pour le dire, et quand bien même elle l'aurait, cela ne l'empêcherait pas de dormir et s'enfoncer dans le nid douillet de l'égoïsme.
    Je n'ai aucun espoir que cela change. Quant à l'espérance l'homme l'a définitivement tuée. Tuer elle la seule chose qu'il fait convenablement. J'ai honte d'être de cette humanité.

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