mercredi 2 septembre 2015

Deux poèmes de Cristian Ronsmans



Je n’arrive plus à dire « je t’aime »,

J’ai perdu les mots.

De l’amour j’ai perdu l’amour

On me l’a volé.

Du discours, fragments épars,

J’en perds la mémoire.

Je ne connais plus les mots.

Une partie de mon âme envolée

Capturée, vendue au plus offrant.

Je ne dis plus les mots « je t’aime ».

Ils me brûlent pourtant.

Le souvenir des mots sacrés

Part en lambeaux.

Pas de substitution possible.

Je voudrais tant dire ces deux mots

Encore une fois.

»Je t’aime », « je t’aime » de la première

A la dernière fois.

Mais ils me restent dans le cœur,

Arraché, tenaillé

De cette voix du cœur muette

Langue coupée qui ne peut plus dire les mots.

Le corps se brise

En tous ses éclats de « je t’aime »

Que mille fois de plus j’aurais du dire

Comme au premier jour.

J'aurais du le dire

En ma voix étouffée.

Ce jour qui ne se lèvera plus

Ce jour n’a plus les mots pour

Renaître encore.

Encore, s’il te plait,

Une dernière fois.



Cristian Ronsmans



le 5 septembre 2016



© Tous droits réservés

Protégé par copyright




crédit photo fruban


Cette nuit ni plus ni moins obscure que celles qui l’ont précédée.
Cette nuit ni moins ni plus obscure que celles à venir
Depuis des siècles et millénaires,
Cette nuit, j’observerai le scintillement
De la lune argentée et la brillance de l’étoile, Vénus,
Dans les ombres fuligineuses de l’inconnaissable Nocturne.

Et, avec elles, tous les feux métalliques des corps célestes
Immuables à mes yeux clos.

Demain, le soleil viendra desceller mon regard et paupières dessillées,
Je regarderai l’astre flamboyant dans les yeux, une dernière fois,
Avant qu’à ma vue, il ne s’éteigne à jamais.

Il sera le matador en habit de lumière éternelle
Et je serai son taureau apeuré.

Seule pour un instant encore, vacillante, subsistera
L’ombre de ce que je fus et ne cessais jamais d’être.

Puis elle-même, comme happée dans un tourbillon,
Un orage de feu, elle sera à son tour emportée.

Alors, le soir prochain, une nuit pareille à la précédente,
Une nuit identique à celle à venir
Prendra ses quartiers
Sur le monde où je fus.

Mais je n’en saurai rien !

Cristian Ronsmans
le 1er septembre 2015

© Tous droits réservés

crédit photo fruban

3 commentaires:

  1. Merci Françoise. Je m'abstiendrai pour une fois de commenter. :). Encore merci car ton avis est d'une importance capitale pour moi.

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  2. Comment, en effet, commenter ses propres poèmes... Mais le lecteur lui, en l'occurrence moi, s'approprie l'oeuvre et essaie de dire ce qu'il ressent. Ton poème, mon cher Cristian, a su me toucher par sa force et sa profondeur. Il est de ceux qui donnent à réfléchir, au-delà de la qualité des mots et des symboles. Tu sais combien je crois que la Poésie n'est pas pur exercice de style, pour "faire joli"... mais bien un moyen mis à notre disposition pour exprimer ce que l'Homme a de plus beau au fond de son coeur. Nos interrogations, nos cris de colère, les sentiments qui nous permettent de tenter, bien modestement, d'apporter notre toute petite pierre pour un monde moins vide et barbare. " La poesia esta un arma cargada de futuro"(Gabriel Celaya). Et toi, mon cher Cristian, tu apportes cette petite pierre, pour notre grand plaisir. Merci !

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  3. Ma chère Françoise, Tu as su percer "le mystère" que je ne cache pas vraiment et encore moins dans ce texte. Si tant est que la pierre qu'on apporte tous, souvent sans le savoir, possède une quelconque qualité au départ, il faut, je crois, prendre conscience que le matériau se confond avec celui qui le possède. Et comme ces bifaces que le premier hominidé taillait inlassablement sous chaque lune et chaque soleil, bien qu'avant de céder la place un jour lointain à l'homo sapiens. Celui-ci aujourd'hui, il n'en a pas souvent conscience, ne diffère pas beaucoup de son lointain ancêtre en dépit des progrès en tous genres que depuis il a suscités, inspirés, découverts et créés. Il est et le sera toujours bien incapable de comprendre ce qu'est la mort faute de savoir exactement ce qu'est la vie. C'est pourquoi et c'est ce que j'ai voulu dire, dans ce moment précaire, instable, calé entre deux néants, il n'a qu'une chose à faire. Polir le biface qu'il est lui-même et garder l'espérance. Merci infiniment pour ton commentaire d'une grande finesse d'esprit. Il n'y a que les coeurs purs qui disposent de cette qualité. J'ai bien de la chance que toi, mon amie, tu la possède. Et tu me connais, ce n'est en rien vile flatterie pas plus que remerciement convenu. Je t'embrasse. Cristian

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