On
ne l’entendra plus la plainte de l’impératrice. Maintenant elle danse
avec les anges. Dans un improbable théâtre de verdure, des arbres
passent sur un tango de Piazzolla, un long talon aiguille s’enfonce dans
la boue, un homme ploie, se relève, avance une lourde armoire sur le
dos, des masques de boue, assise dans un fauteuil une femme fume en
observant le flot de la circulation, des courses effrénées dans les
faubourgs de Wuppertal... Cette pâle silhouette frémissant sous les
lumières ternes, je la connais bien : elle a brûlé mes envies, mes
émotions. Quand je ferme les yeux, son fantôme sauvage se heurte aux
chaises, aux murs, à la haute porte-tourniquet d’un certain café… Au
matin, elle a laissé sa cigarette sur le rebord de ma fenêtre. Plus tard
quand je feuilletterai mon album de souvenirs, nulle trace de son mince
sourire, de l’éclatante douceur de ses yeux bleus, de ses longues robes
de bal, des smokings, des œillets et d’un accordéon, des airs qui
habitaient ses magnétiques créations. On ne l’entendra plus la plainte
éblouissante de l’impératrice… elle danse avec les anges le sacre d’un
éternel printemps.
« mon petit hommage à Pina Bausch »
"Macbeth" peinture numérique de Gaby Ferréol
Entre abstraction lyrique, abstraction expressionniste et abstraction numérique, je m'y perds mais le texte ci-dessus me rapproche de l'auteur de ce goût que nous partageons pour Tadeusz Kantor au fond d'une classe morte depuis longtemps.
RépondreSupprimerCristian