mardi 25 mars 2014

Mani ( poème de Fabrice et texte de Martine C.)

Au jardin de Mani

Ce soir ce billet est une douce reconnaissance
à un auteur peu connu, c’est un peu comme un frère.
Il se prénomme Fabrice, il n’habite plus la vie d’ici mais j’écris
« se prénomme » car notre vie l’abrite toujours.
Sans cesse en quête spirituelle, il écrit ce texte qui rend grâce à Mani,
fondateur d’une religion antique et penseur engagé.
Je sais que Fabrice est au Jardin des Poètes en train de parler avec lui,
je sais aussi qu’il est une part manquante à ses plus proches.
Il me vint cet écho pour toutes les mères à qui le désordre de la vie retire
leurs enfants, qu’elles leur aient donné le jour, ou non.

Martine C

                                                   *****


Mani

Enfant du pays de Babel
Fils de Patig, enfant de celle
Aux bras de qui t’ont arraché
Ces fous de Dieu, de vérité
Peintre boiteux des palmeraies
Du roi des rois le conseiller
Tu sus convaincre une Zénobée
Et devenir le messager
Mani-Hayy
Ton jardin de lumière…
Mani-Hayy
Qu'avons-nous fait ?
Toi le médecin, le messager
On dit de toi que tu étais
De Jésus l'un des apôtres
Un disciple de Zoroastre
Bouddha d’un pays lumière
Comme les fleuves vont à la mer
Mille sagesses passeront par toi
Pour n'être plus qu'une seule voix
Mani-Hayy
Ton jardin de lumière…
Mani-Hayy
Qu'avons-nous fait
Pèlerin sans but tu cheminais
Mais il fallu pourtant rentrer
Faire tes adieux, les préparer
A préserver la vérité
Dernier voyage à Beth-Lapat
Ultime étape, dernier combat
Ceux qui t'envient d'être l'élu
Lâcheront leurs chiens en pleine rue
Mani-Hayy
Ton jardin de lumière…
Mani-Hayy
Qu'avons-nous fait

Fabrice, auteur.
(Texte protégé de la copie)

Comme un écho, la mer
Incomparables ces moments doux passés avec toi
Que ma chair ne passe pas
Comparables
A l’incandescence à deux doigts
D’attiser le bûcher où l’on jeta
La pureté vive hors de toi
Tu as comparu devant la chienne loi
Blême tu as pâli encore
A la vue des failles obscures
Où tu devais te faire ouvrière de toi-même
Jetant la chaux vive sur tes pleurs
La musique d’un piano parfois rédempteur
La fierté de l’Art d’habiter en ce coeur
Le digne don de ce regard ce pont
Le pont entre les continents et l’océan que traversera
La lame de fond l’horizon
De soi trop longuement
Mis à l’écart de l’écrin du temps
Sur l’arche solide et ivre
Tu es l’otage involontaire d’un monde à part
Où tu attends que l’apaisement ne s’évanouisse pas
« Tu apparais dans la brume de mes pas
Plus clair que l’aube où tu es né
Hors de ma portée Tu
Et j’oscille entièrement entre ta paix et mon manque »
Les rêves pourtant les plus simples n’appartiennent pas à la réalité
Alors « Pèlerin sans but tu cheminais »
Jusqu’à l’enfant qui ce soir pleure un point de côté sur la droite infinie
S’étirant jusqu’à tes cheveux en chagrin d’argent
Tu marches sur les loasées de ton sang sensuel
Où repose le ventre amputé de ta féminité
Tu soupires entre les filaments de tes cils
le vent qui ploie ton regard
vers la tombe de ceux qui aiment librement
Elle marche dans des traces de pas abondants de vide
Désire le chant du fils sans y croire marche encore vers
L’écume d’un coucher qui vient s’étouffer dans l’onde
La mère la mer pénètre la terre où la tombe est là pour rien
Au monde elle est leur flanc
A flanc de terre de mère ce flanc broyé par l’inadvertance de la vie
Parfaite la mer ne flanche pas
Défie le blanc de la perfection
Défie la hanche qui l’a vu naître
Défie le creux du ventre soustrait
Au féminin pluriel
Ecarte le rideau de la nuit apprend avant d’ ivre-vivre
Les vagues allantes venantes qui savent
Ce qu’il faut taire et prier
Pour être encore Être sous la protection d’une patience mutine
Vaine patience qui sait faire sans te brusquer elle te prend
Elle inonde sa paix dans ta gorge hurlante
Elle fait sa louve se lovant sous ton pouls
Là où il n’y a plus d’instants
Les rêves pourtant les plus simples n’appartiennent pas au monde réel
Alors -moi particule de Voca me je chante
Je suis ton silence intérieur après ta pluie
Je berce ton ventre commotionné
Je te retrouve au comble d’un nous sans t’avoir connue
Je ne peux rien en cet automne morne que d’attendre
A ton flanc que s’enflamme l’ange
Sorte de moine à part liant
Dieu et dieu comme Mani
Qu’il joigne femme et enfant
Entre faille et puits
L’ange fleurissant « Ton jardin de lumière… »
Lui seul veille sur l’épanouissement de ta pluie
Martine C


Photos : F.R., l'océan de Fabrice.
Note : dans « Les jardins de lumière », Amin Maalouf raconte la vie de Mani, qui a écrit :
« Aux commencements de l’univers, deux mondes existaient, séparés l’un de l’autre : le monde de la
Lumière et celui des Ténèbres. Dans les Jardins de Lumière étaient toutes les choses désirables, dans les
ténèbres résidait le désir, un désir puissant, impérieux, rugissant. Et soudain, à la frontière des deux mondes,
un choc se produisit, le plus violent et le plus terrifiant que l’univers ait connu. Les particules de Lumière se
sont alors mêlées aux Ténèbres, de mille façons différentes, et c’est ainsi que sont apparus toutes les
créatures, les corps célestes et les eaux, et la nature et l’homme…En tout être comme en toute chose se
côtoient et s’imbriquent Lumière et Ténèbres. Dans une datte que vous croquez, la chair nourrit votre corps,
mais le goût suave et le parfum et la couleur nourrissent votre esprit. La Lumière qui est en vous se nourrit
de beauté et de connaissance, songez à la nourrir sans arrêt, ne vous contentez pas de gaver le corps. Vos
sens sont conçus pour recueillir la beauté, pour la toucher, la respirer, la goûter, l’écouter, la contempler.
Oui, frères, vos cinq sens sont distillateurs de Lumière. Offrez-leur parfums, musiques, couleurs. Epargnezleur
la puanteur, les cris rauques et la salissure. »
Source :
http://latrace.wordpress.com/2011/03/03/les-jardins-de-lumiere-damin-maaloufhttp://latrace.wordpress.com/2011/03/03/les-jardins-de-lumiere-damin-maalouf

1 commentaire:

  1. Quel plaisir de retrouver là ce poème avec Fabrice, sur tes terres de sable et d'horizon. Nous sommes tant le prolongement des êtres qui devaient nous prolonger, nous sommes aussi des mesures de temps et d'amour que nos autres chérubins, dont l'écriture, porteront au fil de notre lendemain comme la musique porte l'infini, et le chant de la terre ainsi se transmet simplement.

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